Rencontre Interpromo’ : Diriger en (étant) aveugle
Au soir du jeudi 20 avril, au Charolais Club de Ground Control, à Paris, une rencontre Interpromo’ a réuni près d’une centaine de personnes, dont 78 membres des différentes promos et des partenaires, autour d’Eric Chenut, Président de la Mutualité française, atteint depuis ses 23 ans d’une cécité complète. Le thème de cette rencontre improbable, qui a suscité un très grand nombre d’échanges, de témoignages et de questionnements en plénière puis autour d’un verre : « Voir et être vu : peut-on diriger en (étant) aveugle ? »
L’occasion, surtout, de partir d’un cas particulier original pour questionner, dans toutes ses dimensions, l’exercice du pouvoir. Soit, ici, aussi bien l’importance décuplée d’une organisation au cordeau dans la vie quotidienne comme la préparation des réunions (mémorisation des discours, nécessaire confiance totale en ses collaborateurs…), que les moyens de contourner l’exploitation des regards et de la communication non-verbale dans les interactions avec d’autres… y compris en misant sur d’autres capteurs affinés par l’usage, comme l’ouïe, ou sur l’instrumentalisation des silences pour reprendre le pouvoir. Comme l’a déclaré Eric en conclusion : « Nous créons tous l’adéquation entre nos différents sens. » Et à condition d’être lucide sur « ce qu’on peut » et « ce qu’on ne peut pas » faire en fonction de notre situation propre, aucun poste de pouvoir ne demeure inaccessible…
Social Demain partout ?
La séquence vidéo a fait le tour des rédactions comme des réseaux sociaux : le mercredi 19 avril dernier, à Sélestat en Alsace, le Président de la République en tournée était directement interpelé par Chloé Bourguignon, Secrétaire générale de l’UNSA pour la région Grand Est. Devenue dans la foulée l’incarnation de la nouvelle forme de contestation à la réforme des retraites comme à Emmanuel Macron, cette dernière, que nous avons retrouvée le lendemain à la rencontre Interpromo avec Eric Chenut… était également membre de la Promo#1 ! A l’époque, en 2020, elle occupait déjà ce poste, mais aussi celui de représentante au comité jeunes de la Confédération européenne des syndicats, et de vice-Présidente d’OXFAM France. Une nouvelle preuve que si Social Demain n’a pas vocation à former des “contestataires” en tant que tels, le dispositif veille à réunir et alimenter en expériences et idées des personnes engagées, capables de défendre, sans se laisser impressionner, leurs convictions !
Les Assises du Social :
« Transversalité, positive attitude et prospective sur les RH »
Mercredi 14 juin prochain se tiendra à Paris la troisième édition des Assises du Social (ADS) – partenaire de Social Demain, par lequel sont passés son Secrétaire général Thomas Xantippe (Promo#1) et les membres de son bureau Camille Conesa (Promo#2) et Gaïa Sanchez (Promo#4). Cette édition portera sur le thème de la performance sociale et se déroulera « à guichets fermés », comme nous l’a indiqué son Fondateur et Président, Benoît Girardin. Y seront notamment présents non seulement le Président du Groupe Renault Jean-Dominique Senard ou l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe, mais encore de nombreux DRH (EQUANS, VEOLIA, NEXITY, Groupe VYV, KORIAN …) et les patrons des cinq (!) organisations syndicales : Laurent Berger (CFDT), Sophie Binet (CGT), François Hommeril (CFE-CGC), Frédéric Souillot (FO), Cyril Chabanier (CFTC).
Des Assises nées en 2018, selon ce même Benoît Girardin, d’un triple constat : d’abord, l’époque était alors au « RH bashing et au social bashing, ce qui a tendance à m’énerver au plus haut point dans la mesure où je fais partie de ceux qui voient toujours le verre à moitié plein. » Pour lui en effet, « globalement, les RH fonctionnent plutôt voire très bien, tandis que le modèle social français est l’un des meilleurs du monde – ce qu’il s’agirait d’affirmer un peu plus fort. »
Ensuite, il se trouve que « les RH regroupent énormément de personnes, qui les abordent dans le cadre de métiers très différents : DRH, syndicalistes, universitaires, avocats d’employeurs ou de salariés… » Or, alors même que « sur le terrain, tous ces gens s’entendent plutôt bien », cet univers paraît « très cloisonné le reste du temps. » D’où l’intérêt de créer « un espace de parole regroupant tous ces gens-là », au sein duquel les participants ne seraient pas forcément d’accord de bout en bout… Ainsi, « notre ADN est de pouvoir réunir des paroles différentes, en garantissant à tous qu’il n’y aura pas de piège. » Aujourd’hui, « tous les participants nous font confiance. »
Enfin, il apparaissait dès l’origine important de donner aux sujets proposés « une dimension prospective » plutôt que de faire la part belle aux expertises métiers ou aux retours d’expériences. Il s’agit dès lors de se placer plutôt « à un niveau conceptuel, où il est possible de se poser des questions, de décrypter de nouvelles tendances, de défricher de nouvelles notions » – comme, cette année, la « performance sociale », interrogée sous l’angle original suivant : « La performance sociale est-elle l’avenir de l’Entreprise ? » A vos copies !
Dernières rencontres
Social Demain, c’est aussi une multiplicité de thématiques abordées grâce à une variété d’invités. En avril 2023, en plus de la rencontre Interpromo’ du 14 avril (voir ci-dessus), et tandis qu’une seconde phase s’ouvre où ils vont devoir produire des textes pour le rapport d’étonnement, les membres de la promo ont pu échanger autour des sujets suivants :
- « Comment cultiver la créativité dans l’éducation » grâce aux analyses de l’Inspecteur de l’Education nationale, ancien Directeur de l’Institut français de l’éducation Olivier Rey (04/04)
- « Le monde de demain nous raconte la naissance du mouvement hip-hop français dans les années 1980. Et alors, que nous dit la musique aujourd’hui ? », c’est le thème qu’a traité le Directeur général d’Octopüs et membre du comité de pilotage “Ecoresponsabilité et RSE” du PRODISS, Syndicat national du spectacle musical et de variétés Cyril Bahsief (11/04)
- L’auteur Nedjib Sidi Moussa est intervenu le 13/04, lors d’un Point lecture au Faubourg autour de son livre « Histoire algérienne de la France », permettant d’interroger la place de l’Algérie dans la mémoire française
- « Peut-on sortir d’une crise majeure ? L’exemple de l’église catholique », avec le Directeur général de la Fondation Brazzaville Richard Amalvy (21/04)