Le social en procès ; Social Demain à la barre : inscrivez-vous !

Le 20 juin prochain à 19h30, Social Demain et ses organisateurs passeront en (faux) procès, dans l’amphithéâtre Richelieu à la Sorbonne (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne). Chefs d’accusation : propager un entre-soi élitiste ; entretenir une illusion lyrique du social ; perpétrer une discrimination liée à l’âge.

Le tribunal sera présidé par Ariane Dupont Kieffer, vice-Présidente en charge de la RSU pour l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Témoin général : Julien Damon, sociologue. Procureur : l’essayiste Thierry Keller. Avocate de la Défense : Anne-Sophie Moreau, Directrice de la rédaction de Philonomist et rédactrice en chef de Philomag. Témoins de la défense : Laurent Berger et Philippe Martinez, anciens Secrétaires généraux de la CFDT [LIEN : ] et de la CGT; Claire Thoury, Présidente du Mouvement associatif . Témoins de l’accusation : Raquel Garrido, députée et Anousheh Karvar, déléguée du gouvernement français auprès de l’OIT.

Gaëtan Congar [Promo#3] et Les Cocottes : quand Social Demain accélère l’imagination sociale !

Membre du conseil d’administration de la Croix-Rouge française entre 2017 et 2021, et actuel vice-Président Bretagne de l’association, Gaëtan Congar vient, après un passage par CapGemini Engineering, de cofonder avec Aurélie Tonaind (Capgemini Engineering) et Cécilia Henry (CoopCircuits) l’entreprise Les Cocottes, spécialisée dans l’insertion et le circuit court alimentaire, et qui lancera ses premières actions en Bretagne à la rentrée prochaine. Le tout, accompagné par d’anciens membres du dispositif Social Demain…

Concrètement, comment le concept des Cocottes s’incarne-t-il ?

Elles sont nées d’un constat : de plus en plus de gens, notamment quand ils déjeunent le midi à leur bureau, se demandent si ce qu’ils mangent est vraiment bon – pour eux-mêmes, mais aussi pour la planète, pour les agriculteurs, pour les livreurs soumis à un cadre social discutable… Nous leur proposons donc une solution en trois points. Premier point : travailler avec les agriculteurs, pour leur permettre d’accéder directement à des revenus plus justes tout en misant sur des modèles d’agriculture durable – on part du besoin pour produire ce dont on a besoin, en fonction de sa localisation. Deuxième point, une fois que l’on dispose des produits : travailler avec des chefs (notamment étoilés), sur la partie imagination et réalisation de recettes. Des recettes adaptées pour être ensuite élaborées par des personnes qui sont éloignées de l’emploi, dans des espaces de transformation qui peuvent être des ESAT (Etablissements ou services d’aide par le travail), des prisons, des lieux d’insertion pour permettre à des gens de réapprendre un métier à travers ceux de la cuisine… Enfin, les plats sont commercialisés dans des zones économiques, majoritairement, et acheminés par des personnes qui ont envie soit de redécouvrir le métier de livreur en système de mobilité douce, soit là aussi de réapprendre un métier, tout simplement. Ainsi, les plats peuvent arriver aux consommateurs livrés en vélos-cargos ou scooters électriques, ou encore sur un stand éphémère pendant la pause-déjeuner. Mais nous testons aussi d’autres formes : à Brest, en passant par des points physiques, des boutiques “bio” ; à Vannes, une distribution à destination de personnes âgées isolées, avec La Poste ; peut-être bientôt sur le festival des Vieilles Charrues… L’idée, c’est vraiment de réfléchir à la meilleure manière de travailler avec toutes les parties prenantes, sur tous les maillons de la chaîne, des agriculteurs aux consommateurs.

N’avez-vous pas également fait appel à l’expertise d’autres “anciens” de Social Demain ?

Si ! Après le premier stade de développement (avec Ticket for change puis la French Tech), nous avons cherché à contacter des accélérateurs, des gens susceptibles de nous aider. Par exemple Antoine Ménard [Promo#1], DRH et DAF de chez makesense. Une rencontre vraiment enthousiasmante, au cours de laquelle Antoine nous a convaincus qu’il nous fallait trouver des accélérateurs ayant des ambitions nationales – comme makesense – mais plutôt en région, parce que c’est là que nous voulions nous implanter en premier lieu. Nous avons aussi beaucoup discuté avec Juliette Censi [Promo#3], avocate en droit du travail associée au cabinet Farho, et Léa Grujon [Promo#1], à l’époque Directrice de l’Association Possible, qui nous ont beaucoup aidé. Et c’est au fil de ces échanges qu’a émergé l’idée suivante : ouvrir le capital à 100 personnes – que des proches, ou des gens cooptés -, qui deviendraient ainsi nos accélérateurs. Notre idée n’était pas simplement de faire appel à des plateformes pour lever des fonds et collecter de l’argent, mais de réunir 100 personnes capables de nous aider à nous développer, à prendre notre essor dans plusieurs villes de plus de 50 000 habitants, à nous ouvrir des portes un peu partout. Ainsi, aujourd’hui, en plus de ceux que nous avons déjà mobilisés dans ce sens (qui se trouvent en tous points du pays, et même pour certains aux Etats-Unis !), nous aimerions ouvrir le capital à des gens de Social Demain. Parce qu’Antoine, Juliette, Léa, je ne les aurais jamais connus sans Social Demain !

Pourquoi entamer votre développement par la Bretagne ?

Par Vannes et Brest, plus spécifiquement. Parce que Cécilia Henry est implantée à Vannes et moi à Brest, tout simplement ! En nous appuyant sur des fonds locaux, nous arriverons à “ouvrir” les deux villes en test, à la rentrée prochaine, pour voir un peu ce que cela donne. L’entreprise est créée depuis mars, et nous sommes en train de finaliser les études, les tests du dispositif, les recettes, pour passer à la phase commercialisation à partir de septembre.

Propos recueillis par François Perrin-Chapelain

Matière à penser #1
 La démographie, ça sert d’abord à faire… l’amour

Le géopoliticien Yves Lacoste avait pour habitude de dire : « La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre. » A écouter les déclarations sur le « réarmement », on se prend à imaginer que la démographie va d’abord servir à faire l’amour… et donc des enfants. Cela reste toutefois à prouver, dans un pays où la part des femmes en âge de procréer qui ne souhaitent pas enfanter a bondi ces dernières années, passant de 4,3 % en 2010 à 30 % en 2022. Telle est pourtant la grande leçon de l’époque : la démographie redevient un sujet politique, comme l’assiette et l’alimentation le sont devenues il y a quelques années déjà : chute de la fécondité, « réarmement démographique », projet de créolisation, peur du “grand remplacement” et même débats autour de la constitutionnalisation de l’IVG… la reproduction se politise à grande vitesse. Et dans son dernier livre, le Pr Frydman, concepteur du premier “bébé éprouvette” français, montre comment l’utopie de l’utérus artificiel peut servir à la fois de soutien à une vision particulière de l’égalité des sexes (en libérant les femmes de la procréation in utero), mais aussi à des régimes politiques qui voudraient se “réarmer” en passant outre l’envie de leurs citoyens de faire ou non des enfants.

Question : Cette politisation de la démographie représente-t-elle un risque, celui de l’enrôlement idéologique du ventre des femmes, ou au contraire une aubaine permettant d’en faire un axe de réflexion, de propositions, voire d’actions ? 

Matière à penser #2
 Si je veux, je peux !

Dans ses essais, La vraie victoire du RN puis plus récemment Les racines sociales de la violence politique, le politiste Luc Rouban suggère qu’une crise d’efficacité touche l’ensemble des rouages de la société et alimente ainsi le vote populiste reposant, pour sa part, sur la conviction que « si on veut, on peut. » L’immigration, par exemple, ne serait plus le terreau du vote Le Pen, mais un symptôme de cette inefficacité – idée d’ailleurs contestée récemment par le sociologue Félicien Faury qui, dans Des électeurs ordinaires, observe que le racisme occupe une place centrale dans les motivations du vote Le Pen…. Quoi qu’il en soit, de l’inefficacité constatée par le citoyen à l’impuissance ressentie par les dirigeants, il y a un fil rouge. Raphaël Llorca explique en filigrane, dans Le roman national des marques, que ces dernières ne possèdent pas seulement un discours sur la France mais aussi les leviers d’action pour la faire bouger… Michel-Edouard Leclerc va dans ce sens : « Je peux vous dire que tous les jours, dès qu’il y a un concurrent moins cher, ça remonte au national… L’intelligence artificielle, la data, on a ça. On est des anciens ploucs, on sait équiper, on sait faire. »

Question : Vous sentez-vous efficaces ou impuissants ? En d’autres mots, si vous voulez, pouvez-vous encore ?  

Matière à penser #3
 L’expression du moment : « Croyances de luxe »

Dans une tribune publiée il y a quelques mois dans Le Figaro, le psychologue Maxence Carsana développait un concept qui commence à se répandre dans la critique du libéralisme culturel : les croyances de luxe. Dans la course à la distinction, les consommations ostentatoires céderaient la place aux “croyances de luxe”, ce “summum du prestige” qui reviendrait à se distinguer socialement par « des idées dont seul un statut social élevé permet d’en éviter les conséquences. » Écologie, immigration, transport, nutrition, bien-être, santé, éducation, etc. : les exemples abondent dans lesquels les élites économiques et culturelles imposeraient des idées a priori généreuses qu’elles seules auraient le luxe de professer puisque, par leur mode de vie, elles s’exonèreraient automatiquement des conséquences de leur mise en œuvre (qu’elles laisseraient ainsi aux plus pauvres).

Question : Partagez-vous ce type de critiques ou assumez-vous vos “croyances de luxe” ? 

Temps Commun, un savoir-faire L’animation des groupes de pairs

Depuis sa création fin 2017, l’une des spécialités de Temps commun consiste à animer des dispositifs collectifs sous forme de “groupes de pairs” : un espace sans enjeu pour ceux qui y participent, mais permettant de discuter de leurs enjeux, de leurs métiers ou de l’actualité… Les groupes de pairs permettent ainsi le développement personnel de chaque participant comme le développement professionnel du groupe tout entier. Cette articulation entre individuel et collectif est en effet l’une des marques de fabrique de notre agence d’intelligence collective. Ici, ces rencontres régulières permettent aux “pairs” ainsi réunis, qui partagent une même préoccupation, de réfléchir en commun, en confiance et de manière confidentielle aux évolutions qu’ils constatent ou qu’ils anticipent.

Groupe d’analyse sociale et sociétale (GASS) fondé il y a plus de 25 ans par le sociologue Henri Vacquin à destination des DRH, Groupe “Repèresentre 2018 et 2023 pour le groupe mutualiste VYV, Social Demain depuis 2019 pour des jeunes de moins de 35 ans, Club TempsSocial depuis 2022 autour du cabinet d’avocats Ellipse, “Œil sauvage” depuis 2023 pour le Bureau national de la MGEN, Collectif des Directeurs d’unités (pour les centrales nucléaires) ou Portrait de groupe des Directeurs de la communication de Pôle Emploi en 2021, Epoke pour les membres du conseil d’administration du Syntec Conseil

Les formules sont nombreuses, diverses, les méthodes comme le rythme des rencontres adaptés à chaque collectif, mais avec, dans tous les cas, un même objectif : la création d’espaces dans lesquels la parole des acteurs est protégée, leur permettant d’échanger, en confiance et sans pression extérieure d’aucune forme, autour des sujets qui les animent, les engagent et les mobilisent… des plus institutionnels au plus accessoires en apparence.

Conseil de lecture

Couverture du livre enchaîné, de Philippe Guibert

A chaque élection présidentielle, les Français semblent tout attendre d’un seul homme… contre lequel ils se retournent rapidement. Dans Gulliver enchaîné – le déclin du chef politique en France (Le Cerf, 2024), l’ancien Directeur du Service d’information du gouvernement et rédacteur en chef de la revue Medium Philippe Guibert estime que le chef politique est comme Gulliver : trop grand pour les Lilliputiens, mais trop petit pour les géants, et donc toujours impuissant, enchaîné.

A l’en croire, cette malédiction tiendrait à trois traits principaux de notre démocratie. D’abord, un quinquennat qui enchaîne élections présidentielle et législatives – ces dernières fonctionnant comme une simple confirmation de la première (et entre temps, aucune respiration démocratique). Ensuite, des « crises en continu », qui transforment le chef en urgentiste social puis en manager gestionnaire chargé de ramener le pays à la raison budgétaire. Enfin, une « démocratie d’expression directe » dominée par les réseaux sociaux et les chaînes d’infos qui n’autorisent ni hauteur ni vision. Partant de ce tableau sombre, l’auteur nuance en cherchant à redéfinir les fonctions du chef autour de son caractère et de sa capacité de décision.

Outre l’intérêt politique direct (à trois ans de l’élection présidentielle), l’ouvrage présente l’avantage d’offrir une réflexion argumentée sur ce qu’est “diriger” dans un monde où la question du pouvoir demeure un invariant de toute communauté humaine… mais ne s’impose plus de manière évidente : l’autorité n’est plus “naturelle”, et ne peut être qu’autorisée. C’est donc à un discours de la méthode gouvernementale (ou managériale) que s’essaie Philippe Guibert, en montrant en outre que la démocratie est un régime où non seulement les citoyens demandent à exprimer un choix réel à travers la figure de leur chef, mais aussi dans lequel s’incorporent les critiques qui lui sont adressées. Ainsi, au populisme dont on se désespère, il oppose notamment un lien plus direct avec le peuple…

Brèves

Les promos dans l’actu’

  • Dans son numéro d’avril, le magazine de Centre Inffo, organisme de référence dans le champ de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle, consacrait une double-page aux actions de l’entreprise Jexplore fondée par Guennadiy Pak [Promo#1], et qui vise à mettre « la réalité virtuelle au service de l’orientation et de l’emploi. »
  • Sous le titre « Travailler Mieux. Pas Plus », l’avocate en droit du travail et RH Juliette Censi [Promo#3], marquait fin avril l’arrivée en France de la campagne #4DaysWeek, autour de la mise en place de la semaine de 4 jours. Les candidatures pour être accompagnés dans cette expérience sont ouvertes du 24 avril au 31 juillet, Juliette faisant partie du conseil d’experts pluridisciplinaires engagé dans cette campagne.
  • Mi-avril, la consultante Chloé Grenouilleau [Promo#2] annonçait sur Linkedin qu’elle prenait ses fonctions en tant que Consultante Senior au sein du cabinet de conseil en management Sia Partners. Le 6 mai, c’est Colombe Fabre [Promo#4] qui faisait part de son passage du poste de Chef de projet “Développement social” à celui de Responsable des ressources humaines chez Hermès Métiers, puis Anne-Sophie Moroni [Promo#3] devenait Sales and Key Account Manager EMEA Tantalum & Niobium Products chez Materion Corporation et Claire Thoury [Promo#3] Cheffe de projet ESG Social au sein du pôle d’expertise ESG de lInstitut Mutualiste pour l’environnement et la solidarité chez Crédit Mutuel Alliance Fédérale.
  • De son côté, Stacy Algrain [Promo#4] vient d’annoncer le lancement, le 29 mai prochain, de son agence nommée Bien Baré, en l’honneur de la célèbre exploratrice Jeanne Baré. Cette agence, cofondée avec Côme Girschig, a pour ambition « d’accompagner les entreprises dans leur redirection écologique. »
  • Enfin, le 14 mai a été publiée sur le site Maddyness une tribune intitulée « Élections européennes : augmentez votre ROI en soutenant la démocratie », et cosignée par Caroline Span [Promo#2], Leonore de Roquefeuil, CEO de Voxe, Chloé Pahud, cofondatrice de Civocracy et A Voté. Elle vise à « mobiliser les entreprises françaises sur les élections européennes de juin. »
  • Véritable phénomène sur Linkedin, fort de plus de 125 000 followers, Maxime Blondeau #Promo1 a lancé une campagne pour un projet de coédition d’un «  beau livre »  permettant de bousculer la conscience géographique et écologique des lecteurs.

Promo#5 : Les rencontres des mois d’avril/mai

Toujours soucieux de proposer aux membres des promos des rencontres variées, le dispositif Social Demain leur a permis, en avril, de dresser un état des lieux géopolitique avec l’essayiste Bruno Tertrais, d’envisager le cancer comme miroir de la société françaiseavec le Directeur de l’Institut de cancérologie de l’Ouest Mario Campone, d’échanger avec la Directrice générale de Destin CommunLaurence de Nervaux ou encore de participer à une “visio croisée” sur le dialogue social en entreprise réunissant la Directrice de l’observatoire de The Boson Project  Rose Ollivier et la consultante Camille Richard ; sans oublier la rencontre avec Maud Stephan, Déléguée générale de Réalités du Dialogue social, qui a pu présenter son étude sur l’engagement des jeunes et le dialogue social.

www.socialdemain.fr